Humour
Bas-bonaus-Baavaunaus
"Une fille, deux filles, trois filles, hélas !"

Souvent les ménages juifs alsaciens désirent n'avoir pas trop de filles parmi leurs enfants. Cette préférence, comme bien l'on pense n'empêche, en réalité, que les filles soient autant et généralement même plus que leurs frères, entourées de tendresse et de gâteries. Et je puis attester que maintes fois, au temps de ma jeunesse, où toujours la Bible et souvent le Talmud étaient encore familiers à mes concitoyens juifs de l'Alsace, j'ai entendu des pères, à l'occasion de la naissance d'une fillette, dire avec satisfaction ces termes empruntés au cruel édit de Pharaon ordonnant la mise à mort des enfants mâles : "veim bas hi vohoyo" (mais si c'est une fille, elle vivra !).

Que de fois aussi j'ai entendu répéter cet aphorisme du Talmud "Si l'aînée des enfants est une fille, c'est d'heureux augure pour toute la jeune famille qui naîtra" . Mais il n'en est pas moins vrai qu'à la naissance d'une fille, le souci de la dot préoccupe déjà les parents. Et voici comment s'exhale cette préoccupation, où l'humour, comme toujours dans la bouche d'un juif alsacien, ne perd pas ses droits : "Bas", veut dire "une fille", "Bonaus" (pluriel) veut dire "deux filles", trois filles c'est... "baavaunaus". Il faut nous rappeler que le terme "baavaunaus" signifie à cause des ou de nos péchés, et répond à la locution "mea culpa" et à l'exclamation : "hélas !"


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