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Francine KAUFMANN recherche :

Chaja Sarah LAMPERT

J'ai une collègue dont la soeur de sa grand-mère, Chaja Sarah LAMPERT, née à Bialystok, installée enfant à Peta'h Tikva, avait fait des études de sage femme à Vienne puis commencé des études de médecine à Genève, mais n'avait ni les moyens ni la santé pour aller jusqu'au bout. On trouve sa trace à Genève (en 1902 puis entre 1904 et 1909 et peut être plus) mais aussi à Strasbourg entre décembre 1902 et juin 1904.
Mon amie (qui habite Jérusalem) est très préoccupée par l'histoire tragique de la sœur de sa grand-mère et de ses deux enfants perdus que la famille israélienne recherche encore, un siècle après...

Prof. Francine Kaufmann
kaufmaf@mail.biu.ac.il


Une page d'histoire d'Erets Israël
Le tragique destin de Chaja Sarah LAMPERT
Article de Francine Kaufmann paru sous le titre Le tragique destin de Haya-Sarah Lampert, in L'Arche n° 604, septembre 2008, p. 127-131.

1. Des pionniers de la première heure

A l'heure où Israël se retourne sur son passé pour évoquer ses soixante années d'indépendance, il convient de se demander ce que sont devenus les pionniers de la première Aliah, les juifs d'Europe de l'Est arrivés dans la Palestine ottomane des années 1880-1890. A l'époque où la Russie sombrait dans une vague d'antisémitisme et de pogroms sans précédent, près de 600 000 juifs émigrèrent vers les Etats-Unis en l'espace de 20 ans. D'autres, encouragés par le baron de Hirsch s'installèrent en Argentine. A peine 25 000 Amants de Sion choisirent de s'installer en Erets Israël pour défricher et cultiver la terre. Parmi eux,  un groupe de familles religieuses de Bialystok, alors en Russie, auxquelles un émissaire avait vendu des terrains dans la toute première colonie agricole du pays, édifiée en 1878 par un groupe de juifs de Jérusalem : Peta'h Tikva. Décimés par la malaria, ruinés par les mauvaises récoltes et les difficultés administratives, les premiers habitants avaient presque tous quitté le village. Les nouveaux arrivants de Russie prirent la relève : parmi eux la famille Lampert. A Bialystok, Avraham Abba Lampert partageait son temps entre la comptabilité et l'étude de la Torah, son épouse Henya, une femme de tête, dirigeait une petite manufacture. Le couple avait cinq filles et avait fait vœu, si un fils leur naissait, de partir pour Erets Israël. A la naissance du petit Zvi Hirsch, ils liquident leurs affaires, achètent une parcelle à Peta'h Tikva et s'installent en octobre 1882 avec le groupe de onze familles d'émigrants de Bialystok dans les sables de Yehoudiya (aujourd'hui Yehud). A l'époque les Turcs interdisent aux Juifs de construire des maisons de pierre et durant plus de trois ans les parents, leurs 7 enfants et la grand-mère maternelle vivent sous la tente ou dans l'écurie (construite en argile), près des bœufs de labour et des deux chevaux. Tous les jours, par tous les temps, le père (qui a déjà plus de quarante ans) et ses trois filles aînées (Rivka - âgée de 14 ans ½ à son arrivée, Malka et Zelda) parcourent à pied les cinq kilomètres qui les séparent de leurs champs de Peta'h Tikva situés dans une zone insalubre. Ils sont à pied d'œuvre dès trois heures du matin, pour échapper au soleil, aux mouches et moustiques. Sans expérience agricole, les résultats sont décevants. Mais la famille s'acharne, les plus jeunes participent rapidement à l'effort commun : bientôt, les cinq filles Lampert rentrent dans la légende. Un "cheikh" les enlève pendant qu'elles travaillent dans leurs champs de sorgho. Tandis que la colonie juive affolée bat la campagne pour les retrouver, le "brigand" les ramène au bout d'un ou deux jours et fait promettre à leur père de ne plus envoyer ses filles travailler seules la nuit : des jeunes filles sont faites pour vivre à la maison. Mais la promesse n'est pas tenue. Les filles Lampert s'illustrent à nouveau lorsqu'elles mettent en fuite des soldats turcs qui tentent de voler des épis de blé dans leurs champs. Appelées "filles d'Abou-Abd/Abraham" par leurs voisins arabes, "filles de Tselophrad" par les juifs, on les remarque encore lorsqu'elles transportent de lourdes pierres destinées à la construction la synagogue de Peta'h Tikva ou lorsqu'elles participent avec les autres femmes à la défense de la colonie contre une attaque arabe lorsque les hommes sont absents.

2. L'année de shemita 1888-1889

Les économies de la famille Lampert fondent comme neige au soleil. L'année sabbatique de 1888-1889 est une épreuve insurmontable. Comme d'autres familles, les Lampert refusent de travailler leurs champs durant la shemita. Mais les "employés du baron" (Edmond de Rothschild) ont trouvé deux rabbins de Jérusalem qui autorisent le travail de la terre et ils décident de couper tous subsides aux réfractaires. En août 1889 six chefs de familles de Bialystok (dont Abba Lampert) écrivent une lettre déchirante au rabbin Samuel Mohilever, l'un des piliers de 'Hibbath Tsion (le mouvement sioniste religieux des Amants de Sion) : malgré leur acharnement et leur dur labeur, ils sont loin de voir leurs rêves se réaliser. Depuis le début de l'année sabbatique, ils ont dévoré leurs économies, leurs réserves, leurs animaux, ils n'ont plus que la peau sur les os et connaissent aujourd'hui la faim. Or leurs frères de Bialystok qui, avant leur départ, leur avaient promis de les aider les ont bien oubliés… 

L'aide escomptée ne semble pas venir et peu à peu, certains pionniers repartent, avec l'encouragement financier des "employés du baron", pressés de se débarrasser des fermiers rebelles et en faillite. La plus jeune des filles Lampert, Liba Segal, part avec son époux pour l'Irlande mais l'argent du Baron ne suffit pas et ils s'arrêtent à Liverpool où ils s'installent. Liba décède à Londres en 1969. Pourtant, malgré les difficultés, la plupart des Lampert résistent : Malka (qui a épousé Mikhaël Tishbi, l'un des fondateurs de Chèfiya) s'est installée avec lui à Zikhrone Yaakov (où elle mourra en 1950). Zelda (qui épouse Yits'hak Goldberg, l'un des pionniers de Peta'h Tikva) et Zvi Hirsch restent dans la région et mourront à Peta'h Tikva : Zvi Hirsch (le seul de la famille à conserver un mode de vie ultra-orthodoxe) y est décédé en 1952, Zelda en 1961. L'aînée, Rivka, et son époux Moché David Guelman, l'un des fondateurs d'Ekron/Mazkéreth Batya, sont chassés de leur terre qu'ils refusent de cultiver durant la chemita par les employés du baron qui font de surcroît emprisonner Moché David à Jaffa. Le couple commence par se replier à Jérusalem et finit par accepter "l'argent du Baron" pour tenter sa chance aux Etats-Unis. Installés dans le Connecticut puis à Boston, ils rêveront sans cesse de revenir : Moché David mourra en préparant son retour, Rivka reviendra à Peta'h Tikva 36 ans après son départ, laissant tous ses enfants aux Etats-Unis. Elle s'éteint en 1945, rassasiée de bonnes œuvres.
Reste à raconter l'histoire de 'Haya Sarah

3. Les rêves de 'Haya Sarah Lampert (Bialystok 1875 - Genève 1914)

La quatrième fille Lampert semble avoir eu d'autres ambitions que l'agriculture ou le commerce. Née le 15 août 1875 à Bialystok, elle participe avec ses sœurs à l'entreprise pionnière de la famille mais rêve d'apprendre un métier ! Dans les années 1890 (peut-être en 1894 ou 1895), elle obtient - non sans mal  - de ses parents qu'ils la laissent partir pour Vienne où elle entame et termine des études de sage femme. Nous ne saurions rien de sa vie d'étudiante célibataire si sa sœur Rivka Guelman n'avait conservé dans ses tiroirs quelques lettres en yiddish expédiées par 'Haya Sarah aux Etats-Unis. Les feuillets sont fragmentaires et incomplets mais permettent d'entrevoir un destin de femme exceptionnel que la maladie et la misère ont contrecarré. Retrouvées dans un grenier de Boston par un fils de Rivka, les lettres ont été confiées aux archives d'Israël. La petite-fille de Zelda Lampert-Goldberg, Ofira Rahat (ancienne présidente de l'Association israélienne des Traducteurs), les a lues et traduites en hébreu.

La première lettre de 'Haya est datée du 4 octobre, la seconde du 26 novembre 1897.  Envoyées de Vienne, elles révèlent une jeune fille curieuse de la vie, affamée de culture (elle lit tout ce qui lui tombe sous la main, découvre le théâtre grâce à un billet offert), sociable et courageuse. Elle frappe à toutes les portes pour recevoir de l'aide, obtient des repas chauds tous les midis. Mais ses amis semblent tout aussi pauvres qu'elle. Sa sœur aînée (nouvelle immigrante aux Etats-Unis, elle semble joindre à peine les deux bouts et travaille dur) ne peut sans doute répondre à sa demande ('Haya se contenterait d'une mensualité de cinq dollars) et la réaction orgueilleuse de 'Haya se fait rassurante dans la seconde lettre : elle n'a plus besoin de rien : elle vient d'obtenir une bourse d'étudiante et d'autres petites subventions qui lui ont permis de s'acheter un manteau, un bonnet d'hiver et deux chemises chaudes. Elle n'a pas les moyens de payer le voyage de retour en Palestine et de toute façon, elle souhaite poursuivre ses études à Vienne, une ville où "le savoir et la culture courent les rues". Elle sent qu'elle a les moyens intellectuels de réussir et de pouvoir plus tard gagner dignement sa vie en pratiquant son métier. Elle rêve d'étudier encore un an, voire trois ans pour devenir médecin, acquérir une culture générale, étudier les langues étrangères et même : la politique.

La lettre suivante, datée du 31 mai 1898, est expédiée de Suisse, de l'Hospice de Convalescents situé au Petit Saconnex à Genève. Elle est incomplète (comme les deux lettres de Vienne). 'Haya révèle rétroactivement sa solitude et ses difficultés à Vienne, où elle a connu la faim et où elle a été très malade, ayant pris froid après être partie d'Erets Israël "presque nue", avec quelques robes d'été, une paire de bonnes chaussures et un maigre pécule que lui ont donné ses parents. Sachant qu'ils étaient eux-mêmes dans la misère, elle n'avait pas voulu demander qu'on lui fournisse une garde-robe et elle était arrivée en Europe sans manteau ni vêtements chauds, "comptant sur un miracle".  Elle avait passé les huit premières semaines de son arrivée à Vienne à l'hôpital, d'où elle était sortie à peine guérie. Après avoir essayé de faire des travaux d'aiguille jusque tard dans la nuit pour gagner quelques sous, elle avait décidé de se consacrer uniquement à ses études. Ce n'est qu'in extremis qu'elle avait pu payer rétroactivement ses études de sage-femme et retirer le diplôme (qui coûtait cher). Mais quelle fierté pour elle d'avoir été jusqu'au bout de son cursus et d'être devenue indépendante et moins enfantine (sic !). Elle avait hâte de gagner dignement sa vie après la poursuite de ses études. Elle se trouvait maintenant en Suisse parce qu'à Vienne ses amis, dont certains étaient médecins, lui avaient assuré que l'air serait bénéfique pour sa santé, qu'on donnait en Suisse des bourses aux étudiants pauvres et que les filles pouvaient espérer, comme les garçons, étudier jusqu'au doctorat de philosophie. Il lui restait encore à apprendre le français pour être en mesure de suivre les cours de médecine, obtenir une bourse puis un diplôme. Pour l'instant, elle se trouvait dans une maison de convalescence grâce à une association d'étudiants : l'endroit est magnifique, avec un jardin. Faisant quatre repas par jour, elle a déjà repris des forces et cinq kilos en un mois... elle a l'avenir devant elle.

La lettre suivante date du 2 juillet 1898. 'Haya n'étudie pas encore la médecine (sans doute ne sait-elle pas encore assez bien le français). Mais elle est en mesure de donner à sa sœur de nombreux et doctes conseils pour guérir d'une faiblesse dont celle-ci se plaint dans sa dernière lettre. C'est, dit-elle, qu'elle a déjà lu de bons livres de médecine et connaît bien les symptômes et les précautions à prendre pour guérir. Rivka a conservé cette lettre ainsi qu'un fragment d'une autre lettre écrite sans doute fin 1898 : 'Haya y raconte qu'elle vient d'assister au cortège funèbre de Sissi [l'impératrice Elisabeth d'Autriche assassinée par un anarchiste le 10 septembre 1898 à Genève]. 'Haya remarque que la dépouille de l'impératrice est envoyée à Vienne, que le convoi coûte sans doute très cher, que l'impératrice était âgée, 70 ans ! Elle précise que la Suisse étant une république, l'assassin exige d'être jugé sans qu'on tienne compte du rang de sa victime. "A Vienne, il va sans dire qu'on l'aurait exécuté, mais pas ici". Elle ajoute encore : "pas de nouvelles de Dreyfus" [le "J'accuse" de Zola, en janvier 1898, avait suscité une forte agitation en France, renforcée par les aveux du colonel Henry qui venait de reconnaître, le 30 août 1898, qu'il avait commis un faux pour sauver l'honneur de l'armée].
'Haya conclut : "j'en saurai plus quand j'irai en ville. Ensuite, j'espère pouvoir aller à Paris. Je pourrais alors faire quelque chose pour nos pauvres parents. Mais j'attends de savoir assez bien le français et d'avoir le courage d'aller voir le Baron ou quelqu'un d'autre."

Lampert BorodkineA cette époque, cette jeune femme à l'esprit curieux est âgée tout juste de 23 ans ! Elle écrit qu'elle espère revoir bientôt sa sœur et sa famille en Palestine ou aux Etats-Unis.
Mais nous ne savons plus ce qui lui arrive avant la prochaine lettre conservée (qui date de 1904). Néanmoins, grâce aux archives de la République suisse, on sait que "Chaya Lampert, d'origine turque" [la Palestine d'où elle vient est ottomane] a demandé un permis de séjour à Genève le 6 décembre 1901. Elle habite 3, rue des Caroubiers, aux Acacias, chez Borodkine."
Il est probable que Borodkine est l'homme qui devient son mari (à moins qu'elle ne l'ait déjà à cette date épousé religieusement). Ils se sont fait photographier chez un photographe du quartier des Acacias (F. Gonzalez, route du Grand Bureau). Nous ne savons rien de lui, ni son métier, ni s'il a de la famille à Genève, sinon qu'il s'appelle Seimon (ou Simon/Shimon). C'est peut-être lui qui entraine 'Haya Sarah à Strasbourg. L'archiviste de Genève atteste que Chaja Lambert quitte la Suisse pour l'Allemagne en décembre 1902 mais revient à Genève le 7 juin 1904 et y reste ensuite jusqu'en juin 1909.

4. La famille Borodkine à Strasbourg

Lorsque 'Haya écrit à sa sœur de Strasbourg, le 3 mars 1904, elle signe 'Haya Sarah Borodkine. A-t-elle conclu un mariage civil à Strasbourg ? Elle a déjà deux enfants, une fille : Frida (ou Freida, le prénom de sa grand-mère maternelle, née sans aucun doute à Genève) et un fils : Carol appelé aussi Karl. Rivka n'a pas conservé les lettres précédentes mais cela fait longtemps que 'Haya est très malade : elle passe plus de six mois par an à l'hôpital, n'a plus que deux demi-poumons, crache du sang et n'est plus en état de tenir une maison ni de garder ses enfants chez elle. Son époux est lui-même si malade (sans doute un cancer de la gorge) qu'on doit le nourrir avec une sonde. Il souffre et ne peut plus parler. Sans ressources, le couple a dû confier ses enfants à des tiers et se contenter de vivre dans une chambre louée chez l'habitant. D'ailleurs, quand on est plusieurs mois par an à l'hôpital, à quoi bon un appartement ? Au début, la famille s'en tirait encore : la petite 'Fridka' vivait à la maison. Mais la seconde grossesse avait été si difficile (fausse couche évitée de justesse, opération sans anesthésie) qu'à la naissance du bébé 'Haya était restée sans forces. Maintenant Karl parle bien et court partout (elle lui rend visite quand elle le peut, moins souvent qu'elle le voudrait) tandis que Fridka va à l'école.

Cette lettre reste néanmoins optimiste : Dieu seul peut aider 'Haya, comme il l'a déjà fait si souvent. Et puis, 'Haya a la chance d'avoir un bon mari, honnête, qui l'aime et le lui a prouvé tant de fois. Son amour lui est "plus précieux que l'or et les diamants, qu'une vie opulente". Quant aux enfants, ils sont en bonne santé et lui procurent bien des joies !

5. De retour à Genève

A peine trois mois après cette lettre, 'Haya Sarah est de retour à Genève : son mari est-il mort à Strasbourg ? Y est-il enterré ? Probablement, mais il faudrait retrouver des archives pour s'en assurer. A Genève, la jeune femme loge d'abord après juin 1904 chemin Prevost-Martin, chez M. Borrand. Puis on l'hospitalise à l'hôpital cantonal et à l'asile de Colovrex (comme tuberculeuse). On la retrouve vers 1908-1909 au 68 avenue de la Roseraie où elle loge chez M. Champion (?). Son nom (Chaja Lampert) figure dans un rapport du 19 juin 1909, mais pas dans le recensement de 1908-1914. On sait qu'elle meurt à l'âge de 39 ans, à l'asile de Bel-Air, à Thônex (en Suisse), le 1er octobre 1914. On ne sait pas où elle repose.

La dernière lettre conservée par sa sœur nous la présente presque sereine. Elle est écrite à Genève, le 24 juillet 1908. 'Haya Sarah vit seule, elle reçoit au dispensaire une nouvelle série de piqûres qui peut-être la guériront. Elle a pris un peu de poids, tousse moins. Mais l'inflammation permanente au poumon droit lui fait cracher du sang au moindre effort. Quand elle en a la force, elle travaille à domicile pour un atelier d'horlogerie, assemblant des pièces détachées. Le travail est "propre", elle ne dépend pas d'un patron, n'est pas soumise à des horaires contraignants. Après sa journée de travail, elle fait sa lessive, quelques travaux de couture, lit un livre ou le journal et s'endort, épuisée. Elle a retrouvé d'anciens amis qui ne lui ont pas tourné le dos quand elle s'est trouvée dans le malheur et le besoin. Mais sinon elle ne voit personne. Heureusement il y a Frida et Karl, ses "enfants bien-aimés qui sont vraiment spéciaux : ils sont beaux comme le jour, intelligents, bons. Ils vont à l'école et apprennent bien. Ils sont en bonne santé - grâce à Dieu- et n'ont jamais été malades. Quand je vais leur rendre visite, ma joie est sans limites. Ils ne vivent malheureusement pas avec moi, je les au mis en pension à la campagne, chez de bonnes gens. Ils y sont bien, sous tous les points de vue (…) Ils demandent souvent des nouvelles de toute la famille".

C'est le sort de ces enfants qui a incité Ofira Rahat, l'arrière petite fille des Lampert, à entreprendre une longue enquête et à me contacter. Deux des cousines de son père avaient tenté de les retrouver : vers 1930, l'une d'elle avait frappé à la porte d'un docteur genevois appelé Lampert. Mais il les avait chassés, affirmant qu'il n'était pas juif ! Nés au tournant du XXème siècle, Frida et Karl ne sont probablement plus de ce monde. Mais s'ils ont survécu aux deux guerres mondiales et s'ils ont eu eux-mêmes des enfants et des petits-enfants, Ofira souhaiterait qu'ils connaissent l'histoire de leurs ancêtres, pionniers et fondateurs des premières colonies agricoles d'Erets Israël et le destin de 'Haya Sarah, une grande figure de femme dont la vie, les ambitions et le tempérament pourraient inspirer sans peine romanciers et dramaturges.

Francine Kaufmann


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